Présenter l’irreprésentable
29 novembre 2014 - 22 février 2015
HAB Galerie, Nantes
L’exposition « Présenter l’irreprésentable » de Jean-Jacques Lebel, Alain Fleischer et Danielle Schirman au Hangar à Bananes de Nantes, sous l’égide du Musée des Beaux-arts de Nantes, est accompagnée de la publication d’un catalogue (Fage Édition, Lyon), avec des textes de Blandine Chavanne, Jean-Jacques Lebel, Alain Fleischer et Pierre Gicquel.
La thématique proposée fait à l’évidence appel à la notion de représentation sans doute un des questionnements majeurs dans l’histoire de l’art. La divergence des réponses proposées par les trois artistes, qui peut être déroutante, révèle la complexité d’une telle problématique. Comment présenter l’irreprésentable ?
Pour Jean-Jacques Lebel, le ton est engagé. L’irreprésentable figure ici les menaces indicibles et continuelles des dérives brutales de l’humanité. Le point d’articulation est sans doute le grand tableau antifasciste fonctionnant en écho avec Le labyrinthe et Hitler et Eva Braun cinéastes. C’est la répétition insidieuse de l’Histoire qui est révélée : les totalitarismes de la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie, les exactions commises par l’armée américaine en Afghanistan… La confrontation aux œuvres se veut brutale, sourde et combative.
Dans la proposition d’Alain Fleischer, l’irreprésentable dévoile plutôt ce qui échappe à la perception physique et à la reconstitution mentale. Ses travaux évoquent les réflexions sur la photographie de Walter Benjamin qui révèle entre autres les difficultés à appréhender la relation entre espace et temps. Comment comprendre que l’espace d’une image a son temps propre ou inversement, que chaque instant a son espace physique propre ?
Dans Théâtre pour la main, un hommage au Marquis de Sade, Danielle Schirman propose une mise en scène du désir sans frontière. La vidéo est issue d’un livre d’illustrations animé réalisé par l’artiste elle-même contenant des saynètes manipulables par le spectateur évoquant la société libertine du XVIIIème. Dans la vidéo cette possibilité n’est plus offerte au spectateur, les images sont imposées… La présentation du désir est également évoquée dans les propositions d’Alain Fleischer “Ecran sensible” et de Jean Jacques Lebel de même “Les avatars de Vénus”.
– Maxime Charbonnier